Par Sabrina FAJAU
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On entend souvent dire que le sport fragilise le périnée. Que courir, sauter, porter lourd ou même pratiquer certains abdos met en danger ce « plancher » si précieux. Et si on inversait la perspective ? Si, au lieu de voir le sport comme un risque, on le considérait comme un formidable allié pour la santé périnéale ?
En tant que kinésithérapeute et ostéopathe spécialisée en santé de la femme, je vois chaque semaine des femmes qui ont peur de bouger, de courir, d’aller à la salle, parce qu’elles ont entendu « attention à ton périnée ». Mais le périnée n’est pas une zone fragile qu’il faudrait protéger à tout prix : c’est une structure vivante, dynamique et incroyablement adaptable. Et comme tout muscle, les muscles se nourrissent du mouvement.
Le périnée : une base solide mais adaptable
Le périnée, c’est cet ensemble de muscles, ligaments et fascias qui tapissent le bas du bassin. Il soutient les organes pelviens (vessie, utérus, rectum), assure la continence, participe à la posture, et joue un rôle central dans la sexualité. On pourrait le voir comme le socle d’un immeuble : invisible mais indispensable.
Contrairement aux idées reçues, il n’est pas fait pour rester passif. Il s’adapte aux pressions, aux impacts, aux mouvements. Quand vous marchez, courez, toussez ou riez, il réagit, se contracte, se relâche, absorbe et redistribue les forces.
Sport et périnée : une relation gagnant-gagnant
👉 Le sport améliore la circulation : l’activité physique stimule la vascularisation, donc l’oxygénation et la nutrition des tissus périnéaux.
👉 Le sport renforce le corps globalement : un périnée ne fonctionne jamais seul. Il travaille en synergie avec le transverse : les abdominaux profonds, le diaphragme, le dos. Bouger, c’est entretenir toute cette chaîne.
👉 Le sport équilibre les pressions : quand il est pratiqué intelligemment (avec une respiration adaptée, une bonne posture, des progressions), le mouvement entraîne le périnée dans une véritable gym douce intégrée.
👉 Le sport nourrit la confiance : bouger, transpirer, performer, c’est aussi reprendre possession de son corps et réduire la peur autour du périnée.
Courir, sauter, soulever : faut-il avoir peur ?
Non, tant que c’est fait avec progressivité et conscience. Oui, certains sports sont plus exigeants (course à pied, CrossFit, sauts, sports collectifs…), mais ce n’est pas une raison pour les interdire.
- Une femme qui prépare son périnée, qui apprend à respirer, qui respecte ses sensations, peut tout à fait courir un marathon.
- Une jeune maman peut reprendre le HIIT, le yoga dynamique ou la musculation, si elle a suivi une rééducation adaptée et qu’elle écoute les signaux de son corps.
- Une femme ménopausée peut continuer le tennis ou le trail, et c’est même un atout contre l’ostéoporose et la perte musculaire.
La clé n’est pas d’éviter, mais d’adapter.
Quelques principes pour un périnée heureux en mouvement
- Respirer, toujours. Expirer à l’effort (quand on pousse, soulève, saute) allège la pression périnéale et permet une meilleure réactivité de ce dernier.
- Renforcer en profondeur. Associer exercices de gainage doux, Pilates, yoga ou travail spécifique du transverse voire même dû périnée si nécessaire.
- Respecter les signaux. Fuites urinaires, pesanteur, douleurs : ce sont des messages à écouter, pas des interdictions définitives.
- Progressivité. Comme pour tout entraînement, on construit pas à pas. Le périnée se renforce avec le temps.
- Penser global. Le périnée fait partie d’un ensemble : posture, mobilité, force du dos, abdos, hanches… tout compte.
Conclusion : le sport comme thérapie du périnée
Le sport n’est pas l’ennemi du périnée. Au contraire, il est son partenaire privilégié. En renforçant le corps, en améliorant la circulation, en favorisant le bien-être global, il participe à la santé périnéale à toutes les étapes de la vie : adolescence, post-partum, ménopause.
Alors non, il ne faut pas avoir peur de bouger. Il faut apprendre à bouger mieux. Accompagner son périnée, l’écouter, le respecter, et lui offrir ce dont il raffole : le mouvement.
✨ Et vous, avez-vous déjà ressenti que votre périnée vous limitait dans votre pratique sportive ? Ou au contraire, avez-vous trouvé dans le sport une force pour mieux le connaître ?
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